
Comment des micro-algues permettent de filtrer l’eau en consommant 90 % d’énergie en moins ?
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Et si la solution pour épurer nos eaux usées ne venait pas de la technologie, mais de la nature ? C’est le pari de la startup israélienne Aqwise (prononcée *A Queen*), fondée en 2011 par Udi Leshem. Son idée : repenser complètement la filtration des eaux usées en s’appuyant sur une alliance aussi ancienne qu’efficace — celle entre les bactéries et les micro-algues.
Des stations d’épuration trop énergivores
Aujourd’hui, la plupart des stations d’épuration utilisent des bactéries pour décomposer les matières organiques contenues dans les eaux résiduelles. Mais pour que ces micro-organismes puissent faire leur travail, ils doivent évoluer dans un environnement riche en oxygène.
Et c’est là que le bât blesse : l’oxygénation des bassins d’épuration est l’un des procédés les plus énergivores de tout le traitement de l’eau. Selon certaines estimations, ce seul poste représente jusqu’à 3 % de la consommation d’électricité mondiale. Aux États-Unis, ce chiffre explose même à l’échelle des municipalités.
Une idée toute simple : la photosynthèse
Après 15 années passées à travailler dans le traitement de l’eau, Udi Leshem cherche une alternative moins coûteuse en énergie. C’est alors qu’il découvre un levier étonnamment naturel : les micro-algues.
Ces petites plantes aquatiques ont une capacité bien connue : elles font de la photosynthèse. Autrement dit, elles absorbent le dioxyde de carbone présent dans l’air et libèrent de l’oxygène. En incorporant ces algues directement dans les bassins de traitement, l’oxygénation se fait… gratuitement, à la lumière du jour.
50 à 90 % d’économie d’énergie
Le résultat est bluffant : selon les installations, la solution permet de réduire de 50 à 90 % la facture énergétique liée à l’oxygénation. Mieux encore, ce procédé peut être ajouté à des stations existantes, sans avoir à reconstruire toute l’infrastructure. Une innovation aussi ingénieuse que pratique.
Cette approche s’inscrit dans le courant de la bio-inspiration, une tendance de fond qui consiste à copier les processus naturels pour résoudre des problèmes humains. On la retrouve par exemple dans l’aquaponie, qui crée une symbiose entre poissons et plantes pour produire de la nourriture avec 90 % d’eau en moins.
Un impact écologique mondial
Les perspectives sont immenses. Dans de nombreux pays, les eaux usées ne sont pas traitées, faute de moyens, et sont directement rejetées dans les rivières ou les océans. En rendant le traitement de l’eau moins coûteux, plus sobre et plus écologique, Aqwise ouvre la voie à des stations d’épuration abordables partout dans le monde, même dans les régions les plus vulnérables.
Et l’entreprise ne s’arrête pas là. Les algues utilisées dans le processus sont ensuite récupérées, séchées et valorisées. Elles peuvent être transformées en biocarburant ou en complément alimentaire pour les animaux d’élevage.
Un modèle circulaire et durable
La startup israélienne combine donc réduction de la consommation d’énergie et production de ressources renouvelables. Une double avancée qui fait d’elle un acteur à suivre dans le domaine de la gestion durable de l’eau. Déjà, 25 systèmes ont été installés, principalement en Israël et en Californie.
Et si la vraie révolution technologique, c’était simplement… de laisser faire la nature ?